L’ automutilation est un phénomène peu connu qui augmente d’année en année dans l’ombre et le silence. Un sujet très tabou qu’une adolescente et un psychologue brisent enfin.
Elle a 16 ans et préfère rester anonyme. Témoignage.
Auriez-vous honte de parler de votre automutilation?
Ça dépend à qui. Des amis de totale confiance pas de problèmes parce qu’il n’a pas de préjugés. Mais la famille hors de question
Quelles sont les réactions et les conseils de vos proches qui sont au courant?
Ils étaient très étonnés, ne me croyant pas. Ce fut très dur à accepter pour eux. Ils ne m’ont pas vraiment donné des conseils mais de la compassion. D’autant que je ne suis suivie par personne.
Connaissez-vous des personnes dont le cas est semblable au votre?
Oui, c’est d’ailleurs en partie grâce à eux que je vais mieux maintenant.
Avez-vous essayer d’aller plus loin ?
Pas du tout, d’ailleurs je n’ai gardé aucunes cicatrices comparé à certaines personnes.
Quelles sont les raisons qui vous poussent à vous auto-mutiler ?
J’ai vu un documentaire sur le sujet et quand j’ai eu mes problèmes au lycée, dans ma famille, avec des amis… le stress. Du coup, j’ai pensé à le faire.
Avec quel objet vous êtes vous blessée?
Le soir, je prends les ciseaux qui traînent dans ma trousse et je m’ automutile avec.
Qu’est ce que ça vous procure?
Une sensation de liberté.
Avez-vous réussi à arrêter?
Je n’ai pas vraiment arrêté, en fait cela dépend dans les moments de tristesses ou de déprime.
Que voudriez-vous dire aux personnes concernées par l’automutilation?
Arrêtez de vous gâcher la vie, se mettre K.O soi-même n’apporte que des regrets.
Jérôme Cabet, psychologue spécialisé pour enfants au Centre Médico-Psychologique du 12ème arr.
Est ce que seuls les ados sont concernés?
On ne voit pas d’automutilation chez les enfants et ce phénomène disparaît chez les adultes. Il concerne surtout les adolescents: quand ils vont mal, ils ont tendance à s’en prendre à eux mêmes.
Qu’est qui pousse un adolescent à s’ auto-mutiler?
Le point communs de tous ces jeunes est la souffrance. Ils essayent de le cacher.
Est-ce qu’on peut aider les personnes qui s’ auto-mutilent?
Souvent les proches voudraient les aider sans connaître forcément les bonnes méthodes. Confisquer les objets tranchants n’est pas une solution.
Il faut préférer la parole et surtout éviter de dire des choses qui culpabilisent. On peut conseiller d’aller voir un psychologue, l’infirmière de l’école, des associations…
Quels conseils peut on donner aux adolescents?
L’automutilation n’est pas une solution à leurs problèmes. Il faut parler avec son entourage ou à un médecin. Pour ça, il y a des lieux comme ici, gratuits et anonymes.
Est ce que c’est un phénomène nouveau?
L’automutilation, signe de souffrance psychique, est plutôt récente.
Pourquoi le sujet est aussi tabou?
Je crois que si le sujet est aussi tabou c’est parce qu’il est difficile de penser qu’on peut se faire du mal à soi-même.
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Célia Cajuste
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